La Petite flore de France, publiée par R. Thomas, D. Busti et M. Maillart aux éditions Belin, et avec le concours de la Société Botanique de France, est novatrice dans sa présentation comme dans ses buts. Tout sauf rébarbative (comme peut l’être la vieille – mais fort utile – flore de Gaston Bonnier), elle propose une approche famille par famille didactique, en insistant sur les particularités biologiques, mais également culturelles, culinaires, industrielles ou médicinales de chacune des familles présentées. Faire sortir la botanique des vitrines des muséums et rappeler qu’elle est ancrée dans les sociétés humaines est rafraichissant, et pourra sans doute donner un intérêt nouveau pour cette science.

Un genre type (ou à défaut, un genre caractéristique) est systématiquement présenté et commenté. Il est illustré par des photographies de grande qualité, dont nous faisaient déjà profiter les auteurs depuis quelques années dans la rubrique Des plantes et des hommes du site du département de biologie de l’ENS-Lyon. On y trouve (enfin !) une présentation systématique des diagrammes et formules floraux.  L’illustration  est magnifique, puisqu’elle reprend les dessins historique de Julie Poinsot, l’illustratrice de la grande flore Bonnier illustrée.

La problématique de l’approche classique ou phylogénétique des familles est abordée, mais les auteurs ont choisi de conserver la plupart des familles classiques, même lorsque leur caractère polyphylétique ne fait plus débat (notamment, entre Scrophulariacées, Orobanchacées et Plantaginacées). Entre changement doux des mentalités, ou pavé dans la mare, peut-être n’y a-t-il pas d’approche miracle pour apporter de la cohérence au discours scientifique.

Les clés des espèces se veulent simples. Elles demandent plus rarement qu’à l’accoutumée de sortir la loupe. Elles sont basées sur les feuilles pour beaucoup d’espèces ligneuses, ce qui facilite son utilisation. Le petit nombre d’espèces traitées (un millier, mais bien entendu les plus courantes) rend les clés d’autant plus simples, mais peut aussi décevoir si l’on tombe sur une des 4000 espèces un peu moins courante. Peut-être, d’ici quelques années, une flore aussi belle mais exhaustive ?

En conclusion, plutôt que d’inviter votre amant(e) au restaurant – vous n’auriez pas vraiment le temps en prépa -, procurez-vous ce bel ouvrage pour 39 euros prix éditeur, disponible sur internet et dans toute bonne librairie.